Après deux nuits dans une vieille ferme qui appartenait à Jean Giono près de Forcalquier, et plusieurs promenades dans les environs, le fantôme de Giono m'est apparu en haut du nid de pie de la Margotte.
L’ange marin de la Margotte
Devant ses rêves enchantés, Giono, Capitaine,
Las de la ville, ses bruits et ses mœurs mal calfatés,
Embarqua parfois à bord de la Margotte, étrange voilier !
Et navigua sur les vagues vertes et ondulantes de ces prairies profondes,
S’aventurant dans la joie, vers les Archipels de Nouveaux Mondes.
Le lieu était, à la fois son Ithaque, pour se ressourcer,
Et sa barque élégante pour ses voyages d’esprit.
Que’fois, avec un équipage choisi de famille ou d’amis
Ils mettaient le cap vers les îles Fortunées.
Ainsi né : Le Roi sans divertissement (pour se divertir !) ;
Entre le passage des saisons, les soleils qui s’abimaient
Dans les pâturages au loin, les orages qui faisaient fuir
Les ruées d’oiseaux effrénés, les douceurs du coin ;
Et l’amour ambigu de cet artiste, pasteur de brebis,
Achab fuyant, dans une mer déchainée,
Poursuivant sa quête de la Blanche.
Puis, cherchant dans cette Odyssée verdoyante un sens
Il écrivait, solitaire poète sous l’ombre d’un hêtre,
Plongeant comme Queequeg dans les bas-fonds de son être
Il peignait, avec ses plumes de couleurs, des mots qui chantaient :
(Devant la destinée rude de son temps)
La Mer et ses ambigüités,
Et la forme du Léviathan.
Et ce petit Jean, fils de migrant, anxieux et affolé,
Avec ses yeux bleus sauvages, scrutant l’horizon vers l’infini,
Cherchant désespéramment le lieu où son père s’est fui devant lui
Dans l’Océan ténébreux, absurde et mystérieux de la Vie.
Leslie John Vaizey. (Ecrit sur place à la Margotte le 30 Avril 2018)
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