« NE SUTOR ULTRA CREPIDAM »
"Que le cordonnier ne juge pas au delà de la chaussure".
« Apelle, le plus illustre des peintres grecs (IVe siècle av. J.-C.) vécut à la cour d’Alexandre le Grand, dont il fit le portrait. Il se signala par le charme souverain de ses figures, rehaussées d’un brillant coloris. Apelle, loin de s’offenser des critiques, les provoquait pour en faire son profit. On rapporte qu’il exposait quelquefois ses tableaux en public, et qu’il se cachait derrière la toile pour entendre les réflexions de chacun. Un jour, un cordonnier trouva à redire à la sandale d’un personnage. Apelle corrigea le défaut. Le lendemain, le même ouvrier s’avisa d’étendre ses critiques à d’autres parties du tableau. L’artiste sortit aussitôt de sa cachette et lui dit : « Cordonnier, tiens-t’en à la chaussure. » De là est venu ce proverbe : « Ne sutor ultra crepidam ».
Larousse, 1922
Leçon à l'adresse de ceux qui veulent parler des choses qui leur sont étrangères.
Voltaire disait à maître André, son perruquier, qui avait composé une tragédie et la lui avait dédiée :
Maître André, faites des perruques.
Louis XV fit un jour au peintre Latour, qui travaillait à son portrait, une réponse noble et spirituelle dont le sens est parfaitement analogue à celui du proverbe latin. L'artiste, tout en travaillant, causait avec le roi ; mais, naturellement indiscret, il poussa la témérité jusqu'à s'écrier :
« Au fait, sire, nous n'avons point de marine. - Et Vernet, donc ? » répliqua le monarque.
- Eh bien, eh bien ! dit l'Antiquaire, j'ai eu tort une fois en ma vie (Le bon Antiquaire a voulu acheter lui-même du poisson, et sa soeur lui prouve qu'il l'a payé beaucoup trop cher) :
- Ne sutor ultra crepidam, j'en conviens ; mais ne songeons pas à la dépense.
Walter SCOTT
L'Antiquaire
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