Aux livres et à leur Olivier.
O livres, fruits de notre arbre de l’amitié,
O livres couvés par l’Olivier, hier, aujourd’hui et demain,
O livres nés libres, caressés par les ombres de petites feuilles verdâtres ou argentées, comme les reflets de cailloux dans un ruisseau, qui clignent de l’œil aux malins.
O livres de peaux si fines, de vieux cuir, de carton légèrement moisi, de papier fragile qui font semblant de protéger les rêves des uns, les cauchemars des autres, l’aventurier de l’esprit, le promeneur solitaire et l’enfant rieur, la mère soucieuse, l’amante et son galant, le vieux et son sourire coquin ; et de cet inconscient, jugulant avec la Mort, qui finalement va feuilleter cette étrange bouture, légère dans son intérieur, massive en étagère, avec ses arômes discrets de pensées exotiques, et l’écho lointain de la femme du Titan : Pandore.
O livres qui nous promettent de la semence des anges, de l’or des amoureux de la Sagesse, des Utopies terrestres, des plages de sables fin avec l’empreinte d’un seul pas la veille du Sabbat, le soleil de Giono, le flou de Bobin, le Mistral du Surhomme, les labyrinthes tressés d’un vieux compteur aveugle de Rio de la Plata, la Tempête d’un poète anglais.
O livres, à l’abri de notre bel olivier, gardez votre liberté, en vous prêtant aux mains timides qui vous rendent plus beaux encore, en ouvrant vos cœurs à la lumière de leurs esprits forts ou cachez-vous au fond d’une cagette à l’abri des ronfleurs perfides.
O livres, les uns prorogeront vos beaux mots, comme les aéronautes d’un pissenlit, relevés par le vent vers les nez chatouilleux des âmes sensibles, les autres, fiers de vous voler vos pensées perdront leurs âmes comme des bouteilles vides, lancées à la Mer.
O livre sévère et rude, d’où ta douce huile coule après maintes pressions d’idées folles, d’étranges politiques, paroles psychanalytiques, jeu de mots, feu follet des sages, caresse à fleur de peau d’un daemon doux, grimace séductrice de Lilith, un sourire caché, mais pas assez bien caché d’un amoureux (grand moment imprévu dans ce petit lieu), chaleur discrète d’un cœur que tu rencontreras demain ou un autre samedi matin, car ce « tout » nous a permis de nous rencontrer.
Et toi, O Olivier, tu cherches à tourner tes feuilles, et nous, nous cherchons sans honte à les feuilleter, à sucer les reflets de tes fruits pour faire de leurs jus subtils un élixir de tendres sentiments, de bonheur et de Liberté.
Leslie J. Vaizey
5 février 2011, pour fêter la sauvegarde sur la place de l’olivier et de sa murette !
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